Peut-on réellement vivre sans testicule ? La réponse est oui, mais elle mérite d’être détaillée. Entre les idées reçues, les inquiétudes légitimes liées à la santé, et les conséquences parfois profondes sur le plan psychologique et sexuel, perdre un ou deux testicules, que ce soit à cause d’un cancer, d’un traumatisme ou d’une intervention médicale, bouleverse la vie d’un homme. Et pourtant, cela ne signifie pas la fin de la virilité, ni celle d’une vie intime ou d’un avenir en bonne santé.
Oui, il est possible de vivre sans testicule : ce qu’il faut savoir d’emblée
Vivre avec un seul testicule : ce que dit la médecine
La plupart des hommes peuvent tout à fait vivre avec un seul testicule, sans impact majeur sur leur santé. Le corps s’adapte : le testicule restant augmente généralement sa production de testostérone et continue à produire des spermatozoïdes de façon suffisante pour assurer la fertilité.
En clair, il est fréquent qu’un patient opéré d’une orchidectomie unilatérale conserve une vie sexuelle normale, une érection fonctionnelle, une libido stable, et une capacité à avoir des enfants – à condition que le testicule restant soit sain. Cette adaptation naturelle est l’une des raisons pour lesquelles certains cancers du testicule diagnostiqués tôt sont traités efficacement sans compromettre la qualité de vie.
Peut-on vivre sans aucun testicule ?
Oui, mais dans ce cas, une adaptation médicale est indispensable. L’ablation des deux testicules, qu’on appelle orchidectomie bilatérale, signifie la perte totale de la production de testostérone et de la spermatogenèse. Le traitement hormonal substitutif devient alors obligatoire à vie, souvent sous forme d’injection intramusculaire ou de gel transdermique.
Sans testostérone, l’homme développe progressivement une fatigue chronique, une perte de masse musculaire, des troubles de l’humeur, une baisse de la libido et un risque d’ostéoporose. Mais lorsque ce traitement est bien conduit et suivi régulièrement (bilan sanguin, ajustement des doses), la qualité de vie peut rester tout à fait normale.
En revanche, la fertilité est définitivement perdue si aucun don de sperme ou prélèvement précoce n’a été effectué avant l’intervention.
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Conséquences médicales d’une orchidectomie (ablation des testicules)
Impact sur les hormones et la santé globale
Les testicules produisent 95 % de la testostérone chez l’homme. Cette hormone est au cœur de nombreuses fonctions corporelles : régulation de l’humeur, croissance osseuse, maintien de la masse musculaire, production de globules rouges, désir sexuel, etc. Lorsqu’ils sont retirés, le déficit hormonal a des conséquences visibles, physiques et psychologiques.
Ce déficit en testostérone peut entraîner ce qu’on appelle un hypogonadisme, une situation où l’organisme n’en produit plus assez pour fonctionner correctement. Cela provoque une fatigue persistante, des troubles du sommeil, une prise de poids, et parfois même une dépression. Le traitement hormonal vise donc à compenser cette perte et à maintenir un niveau hormonal stable.
Fonction érectile et désir sexuel
Le lien entre testostérone et sexualité est réel. La perte des deux testicules peut réduire la libido et compromettre la fonction érectile si aucun traitement n’est administré. Toutefois, chez la majorité des hommes correctement substitués, la vie sexuelle reste possible, y compris les rapports avec érection et orgasme. L’éjaculation reste elle aussi présente, bien que le sperme soit sans spermatozoïdes.
Fertilité et reproduction
Avec un seul testicule, les chances de concevoir un enfant restent normales dans la majorité des cas. Le testicule restant compense souvent la perte du second. En revanche, en cas de double ablation, la stérilité est inévitable. La conservation du sperme avant l’opération est donc systématiquement proposée dans les centres spécialisés, notamment en cas de cancer testiculaire.
🎓 L’anatomie à retenir : le cordon spermatique contient les vaisseaux, nerfs et canaux liés à la fonction reproductive. En cas d’orchidectomie, il est sectionné, ce qui rend toute production de sperme impossible s’il n’y a plus de testicule fonctionnel.
Les répercussions psychologiques et identitaires
Image corporelle et virilité : les blessures invisibles
Perdre un testicule ne se résume pas à une opération chirurgicale. Cela bouleverse profondément l’image de soi, la perception de son corps, et parfois même l’identité de genre. De nombreux hommes confient ressentir un vide, une perte de puissance symbolique, comme s’ils avaient perdu une partie d’eux-mêmes. Cette détresse est souvent renforcée par les idées reçues autour de la virilité.
Les jeunes hommes sont particulièrement vulnérables à ces troubles psychologiques. La période post-opératoire est parfois marquée par des épisodes anxieux, une perte de confiance, et un repli sur soi. Le rôle de l’accompagnement psychologique est ici essentiel. Il ne s’agit pas uniquement de traiter une pathologie, mais de reconstruire une personne.
Solutions esthétiques et reconstructrices
Pour ceux qui en ressentent le besoin, il existe des solutions chirurgicales : la prothèse testiculaire. Elle permet de rétablir une symétrie esthétique au niveau du scrotum, ce qui aide certains patients à retrouver une meilleure image corporelle.
La pose de prothèse est une intervention rapide, souvent réalisée en même temps que l’ablation. Elle n’a pas de rôle fonctionnel, mais son impact psychologique peut être considérable.
Pourquoi retirer un ou deux testicules ? Les indications médicales
Cancers testiculaires : principales causes d’orchidectomie
Le cancer du testicule est la première cause d’orchidectomie chez les hommes jeunes, entre 15 et 35 ans. Heureusement, il s’agit d’un cancer au taux de survie élevé, souvent supérieur à 95 % s’il est diagnostiqué à un stade précoce. L’ablation chirurgicale du testicule atteint est la première étape du traitement.
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Les formes les plus fréquentes sont les séminomes et les tumeurs non séminomateuses. Le choix du traitement (chirurgie seule, chimiothérapie, radiothérapie, curage ganglionnaire) dépend du type de tumeur, de son stade, et de la présence de métastases.
Autres causes possibles
Une torsion testiculaire non traitée, une infection sévère (comme l’orchite à oreillons), un traumatisme majeur ou certaines maladies génétiques comme le syndrome de Klinefelter peuvent aussi motiver une ablation testiculaire.
Dans le cadre d’une transition de genre (homme vers femme), l’ablation peut également être volontaire. Le testicule peut aussi être absent à la naissance ou mal positionné (dans la cavité abdominale) dans certaines dysgénésies gonadiques.
Quel suivi après une orchidectomie ?
Surveillance oncologique
Après une orchidectomie, le suivi médical est indispensable, surtout en cas de cancer testiculaire. Il repose sur des bilans réguliers : dosages des marqueurs tumoraux, échographies, scanners, et examens cliniques. La surveillance dure entre 5 et 10 ans selon les cas.
Traitement hormonal substitutif (THS)
En cas d’orchidectomie bilatérale, le THS est initié dès les jours qui suivent l’intervention. L’objectif est de restaurer un taux physiologique de testostérone et d’éviter les effets secondaires liés à son absence. Le traitement est individualisé : certains préfèrent les gels quotidiens, d’autres les injections trimestrielles.
Un oncologue médical ou un urologue spécialisé assure la prise en charge et le suivi.
Soutien psychologique et sexologique
De nombreux patients expriment le besoin d’un soutien durant les mois qui suivent l’opération. L’estime de soi, la peur de ne plus être désiré, ou les difficultés à se projeter dans une vie intime sont fréquents. Un soutien psychologique, ou l’accompagnement par un sexologue, peut être proposé en parallèle du traitement médical.
Peut-on vivre sans testicule… en tant qu’adolescent ou jeune adulte ?
Les enjeux spécifiques des jeunes opérés
Chez un adolescent en pleine puberté, l’ablation du testicule pose des questions spécifiques : risque de retard de développement sexuel, troubles de l’image corporelle à un moment clé de la construction de l’identité, et difficultés à évoquer la maladie dans le cercle familial ou scolaire.
Le suivi endocrinologique est ici primordial, tout comme l’attention portée à la santé mentale. Ces jeunes doivent pouvoir poser leurs questions, exprimer leur peur de ne plus plaire ou de ne plus avoir de relations sexuelles.
Quelle prise en charge globale ?
La prise en charge repose sur une coordination : médecin généraliste, urologue, endocrinologue, psychologue, mais aussi parfois l’équipe scolaire et les parents. L’objectif est de permettre au jeune de se reconstruire, de retrouver une forme de normalité, et de ne pas vivre cette étape comme une condamnation.
Questions fréquentes : l’essentiel en quelques réponses claires
Peut-on encore avoir une vie sexuelle sans testicule ?
Oui, à condition d’avoir un traitement hormonal adapté et un accompagnement si besoin. La plupart des patients retrouvent une sexualité satisfaisante.
Quelle est l’espérance de vie après une orchidectomie ?
Elle est identique à celle de la population générale, en dehors des cas graves de cancer métastatique. Les taux de survie du cancer du testicule sont parmi les meilleurs en oncologie.
Est-ce qu’on peut poser une prothèse pour “remplacer” un testicule ?
Oui, une prothèse testiculaire est une option esthétique simple, souvent proposée au moment de la chirurgie.
Est-ce qu’un homme sans testicule est encore un homme ?
Absolument. La virilité, l’identité masculine ou le fait d’être un “vrai” homme ne dépendent pas d’un organe. Cela repose sur bien plus : votre parcours, votre personnalité, vos relations, votre engagement.